Iemanjá - peinture murale à Rio de Janeiro - censure religieuse
Comment j'ai dû censurer ma propre peinture murale qu'on a cru de Iemanjá à cause de l'intolérance religieuse , et les enseignements que j'en ai tirés sur le rôle...




Au Brésil (et dans le monde), il y a parfois beaucoup d'intolérance.
Je vais donc encore une fois vous raconter une expérience qui ne s'est pas déroulée comme prévu, et où j'ai du auto-censurer une partie de mon travail.
À Copacabana, , j'ai logé dans un hostel appartenant à des évangélistes (petit détail qui a son importance) en échange d'y faire une peinture murale. On m'a donné quartier libre sur ce que je voulais représenter sur ce mur. J'ai donc peint ce mur de manière intuitive et méditative. Les éléments de la composition apparurent petit à petit et j'ai été inspirée de peindre une femme de la mer, ou sirène, avec les cheveux formant la vague principale de la composition et quelques animaux marins.
Des gens y ont vu Iemanjá (entité de religion afro brésilienne), et afin de protéger l'emploi de la personne qui m'avait demandé la peinture, j'ai du la refaire en partie, alors que j'estimais que c'était l'une des meilleures peintures murales que j'avais réalisées jusqu'à ce moment.




Voir le rituel d'au revoir de cette peinture murale sur instagram
résultat post censure
J'ai décidé de censurer moi même ce détail, car si non, quelqu'un d'autre allait le faire et probablement dans un style de peinture qui ne correspondrait pas au reste. J'ai ritualisé le processus pour mieux l'accepter (vidéo disponible plus bas sur la page).
Ce fut difficile, me faisant revivre des vieux traumas, en même temps que d'être une démonstration de l'intolérance montante.
Cependant j'ai reçu le soutien de tous mes collègues, et beaucoup d'amour.
Cette expérience m'a donné la volonté de laisser mon âme s'exprimer de toutes les formes possibles, de crier à tous les artistes de continuer ce qu'ils font. Elle m'a donné la foi de l'importance du travail de l'artiste, qui dérange pacifiquement. Elle m'a aussi enseigné l'importance de dresser un cadre par écrit lors de l'établissement d'un projet, même lorsqu'on donne "quartier libre à la créativité".


Par un heureux hasard, des pratiquants de religion Umbanda m'ont fait remarquer que la symbologie utilisée pour recouvrir le visage que j'avais peint, était très proche de la symbologie de Iemanjá. En effet, elle est souvent représentée avec un diadème de perles et coquillages lui recouvrant le visage, et aussi associée à la baleine. Or, j'ai justement voulu représenter une baleine se fondant dans les vagues, et de l'ancienne base des cheveux où se trouverait le fameux diadème partent des pointillés pour réaliser le ventre de la baleine. On m'a même dit que la tortue (sur la gauche de l'image ci-dessus) pouvait représenter Xango, autre divinité de cette même religion associée à la justice, qui met à exécution ses sentences avec lenteur afin qu'elles soient le plus juste possible.
Avoir quartier libre sur l'expression, sans aucune instruction, c'est bien ce que je préfère. J'utilise le phénomène de paréidolie à fond, et laisse les formes m'inspirer. Cependant, lors d'une commande qui comprend ces instructions, désormais, je demande toujours à quel point je suis libre d'interpréter les formes que je vois, afin d'éviter ce genre de désagréments.

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